L'univers de la fac est en bien des points approchables à celui des quartiers sensibles. Ici les médias ne viennent que lors des grèves, des blocages. Le reste du temps, nul média, nul reportage sur un univers qui a bien des choses à révéler. Extraits de vie.
"En 5 ans de fac à Lille 3, l'Université aura été concrètement bloquée 3 fois. Les 2 autres années, les mouvements ont échoué, mais les intentions étaient présentes. Encore faut-il savoir lesquelles ? Ici toute discussion est rapidement compromise. Dans les AG, la parole est monopolisée, instrumentalisée. Les opposants aux blocages sont hués, sifflés, marginalisés."
Voilà le petit guide du parfait bloqueur :
- 1ère étape : pour faire partir le mouvement réunir un maximum de gens déjà convaincus dans un amphi. Ne pas hésiter à faire venir des gens extérieurs à la fac. Faire voter à main levée et ainsi initier le mouvement en affirmant qu'une très large majorité d'étudiants le soutiennent.
- 2e étape : Bloquer la fac. Immédiatement. L'astuce réside dans le fait qu'ainsi les étudiants voulant travailler ou étant contre le blocage n'auront pas le temps de s'organiser. Cela permet de passer à la 3e étape :
- 3e étape : Organiser les votes de reconduites des mouvements de blocages. Le mieux étant de ne pas fixer de dates précises, de faire durer un maximum les AG pour que les gens se découragent, autoriser les procurations pour les grévistes, les interdire pour les autres.
- Et enfin la 4e étape : diffuser le mouvement dans les autres facs, voire rallier le lycée. A quand le collège ?"
Et pourtant les problèmes sont bien présents à la faculté. Il est certain que des réformes structurelles et institutionnelles sont nécessaires.
Mais ce qu'il ne faut pas oublier c'est que le mouvement doit être impulsé d'en haut, par l'Etat mais qu'au niveau des étudiants une prise de conscience est plus que nécessaire pour certains.
Combien de personnes galèrent à financer leurs études devant cumuler travail étudiant et cours à côté ?
Et en même temps combien de personnes touchent ces mêmes bourses en ne s'inscrivant à la fac que pour ça ?
Extrait de vie :
"30 Octobre 2007, réinscription administrative à l'université. Un étudiant se pointe le dernier jour à la dernière heure. Les cours ont repris depuis plus d'un mois et il vient de se souvenir qu'il fallait qu'il s'inscrive quelque part. Son choix de parcours se fera en une minute. Ses propos : "Je viens de Science de l'Education mais bon ca me saoule un peu je voudrai faire autre chose. Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Tiens Lettres, on peut ? Ca doit être sympa." Et l'instant d'après la véritable motivation : "Et pour les bourses ça va aller ? vous êtes surs ? Vraiment ?" Bon bah mettez moi dans un module."
Mais non surtout ne changeons rien au système. Continuons de laisser les étudiants s'inscrire où ils veulent dans des filiaires qui ne débouchent pas sur beaucoup de travail.
Un chiffre : A Lille 3Chaque année 600 étudiants s'inscrivent en 1ère année d'Histoire. Il n'en reste plus que 200 en 2e année. Et au bout de 4 ans, les concours de professeurs d'Histoire-Géo n'offriront que 30 à 50 postes pour la fac. Et les autres ? Certes il existe d'autres débouchés mais interrogez ceux qui ont le concours. Et beaucoup vous diront qu'ils sont sacrément soulagés.
L'Université ne doit âs être une fabrique à chômeurs. L'orientation, la sélection ne sont pas des gros mots. Il est temps non seulement d'informer davantage au lycée ; le temps est également venu d'arrêter de penser que tout étudiant s'inscrivant le fait de manière raisonnée. L'Université pour tous est un concept à défendre, mais pas n'importe comment.
Réformer est possible. Même en France.
Et n'oubliez pas : "Le vote à bulletin secret est antidémocratique !"
Rennes II nous l'a bien montré :
http://www.breizhoo.fr/informations/actualite-5711-vote-contre-le-blocage-a-rennes-2.html
Le 7e paragraphe est assez instructif ici :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-978198@51-972969,0.html
Pour certains visiblement, le vote à bulletins secret n'est, je cite, qu'un "Un putain de vote Star'Ac", (Julien, de Sud).